lundi 17 février 2014

Qu'est-ce donc ce festival de films en Iran?

Le régime des mollahs iraniens organise de nombreux événements à l'occasion de l'anniversaire de la révolution de 1979 qui a abouti avec l'insurrection armée des 10 et 11 février à la chute du régime monarchique. Cette révolution a bien essuyé un échec vu que c'est la faction la plus arriérée des capitalistes iraniens, les capitalistes cléricaux, qui ont pris le pouvoir.
Les conséquences de l'échec sont tellement multiples qu'il est impossible d'en faire même une liste dans un article.
L'une d'elles est quand bien même la censure dans tous les domaines et surtout le cinéma. Le régime organise un festival de films à l'occasion de l'anniversaire de la révolution qu'il appelle Fajr. C'est un mot qui veut dire "pardon" ou "bienveillance" etc. C'est aussi le nom de la 89ème sourate du Coran. Le public ne manifeste jamais un engouement pour ce festival, car il sait bien que la censure y règne aussi. C'est sûrement pour cela que les Iraniennes et Iraniens appellent ce festival par un jeu de mots, non pas Fajr mais Zajr qui veut dire "empêchement" ou même "torture"!
Il y a quelques jours le 32ème festival Fajr (Zajr) s'est terminé et comme tous les festivals des prix ont été distribués. Malgré tous les efforts des censeurs, il y a eu cette année un gros couac. Un film qui avait pour titre "je ne suis pas en colère" devait être projeté pendant le festival. Mais il a tout simplement été retiré de la compétition. Car il raconte les déboires d'un étudiant après les manifestations post-électorales de 2009. Le ministre de la culture et de la guidance islamique a dit:"C'est le réalisateur qui a décidé de retirer le film du festival. Car il était possible qu'il rafale des prix. Et si le film gagnait des prix, cela aurait des conséquences pour les responsables par la suite." Le directeur du festival dit encore autre chose, il affirme:"Nous n'avons pas décidé de retirer "je ne suis pas en colère" de la compétition mais c'est le metteur en scène qui a décidé de le retirer par sagesse."!
Le prix du festival Fajr est un Simorgh, un oiseau mythique iranien. La cérémonie de la clôture du festival qui devait être diffusée en direct par la principale chaîne de télévision a eu tellement de coupures que même un quotidien autorisé a demandé que l'on donne le Simorgh de la censure à Zarghami, président des chaînes de télévisions qui est désigné par ailleurs directement par le guide suprême, Khaménéi.
Plus de 90% des films produits par an en Iran sont directement financés et commandés par le régime Certains de ces productions sont critiqués après leur diffusion car des mollahs ici ou là trouvent des séquences qui ne leur conviennent pas. Un film qui s'appelle "rastakhiz" (résurrection) a gagné huit prix au dernier festival Fajr mais des mollahs considèrent qu'il a des séquences contre l'imam Hossein. Il est maintenant question de ne pas autoriser sa projection dans les salles de cinéma.
Malheureusement ce n'est pas la censure pure et dure qui frappe le septième art en Iran. Quelques fois l'autocensure est aussi visible dans les films non - gouvernementaux. Par exemple le film de Bahman Ghobadi qui s'appelle les Chats persans en est un exemple. Ce film est fait pour un public étranger. Cela n'entraîne aucun reproche. Le réalisateur prétend que le film a été tourné sans autorisation et dans des conditions quasi clandestines. Il savait donc pertinemment que son film n'aura jamais le visa de projection en Iran. Malgré tout cela Négar, actrice principale du film porte un foulard sur la tête pendant la plupart des séquences du films tournés à l’intérieur et non pas dans la rue. La République islamique pourrait se servir de ce film pour insinuer que le hidjab est admis par toutes les filles et femmes de telle sorte que dans un film comme les Chats persans l'actrice porte un foulard partout. L'autocensure de Ghobadi sert ainsi la censure officielle.
Le cinéma iranien compte indéniablement des actrices, acteurs, réalisateurs etc. de talent que le régime des mollahs ne laisse pas s'épanouir.
Les femmes souffrent beaucoup plus que les homme dans ce domaine aussi. Les réalisatrices iraniennes reportées à la population font que l'Iran est le premier pays dans le monde entier où il y a plus de réalisatrices que de réalisateurs. Malgré cela au 32ème festival Fajr, il n'y a eu aucune femme dans le jury. Les actrices talentueuses ont été ignorées pour les prix distribuées.
Le cinéma iranien a un grave problème, ce problème s'appelle: République islamique.    

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