vendredi 20 décembre 2013

Corruption de l’État iranien

Les États qui répriment le plus les libertés dans le domaine politique, sont souvent les plus corrompus dans le domaine économique. Sinon la corruption n'est pas seulement une caractéristique intrinsèque des États, elle est due au système inégalitaire économique capitaliste que les États gèrent tantôt sous le nom de démocratie libérale ou sociale-démocrate tantôt de démocratie populaire, "révolutionnaire"ou autre.
En Iran, le caractère clérical de l’État fait que la corruption prenne des dimensions incroyables. Les dessous-de-table, pots-de-vin et commissions occultes ainsi que le népotisme y sont monnaie courante. L'absence des libertés et surtout du contrôle des créateurs de richesses, ces dizaines de millions de travailleurs qui sont pour la plupart pauvres tout en travaillant, doivent être pris en compte quand on parle de corruption de l'Etat iranien.
Dans le dernier classement de Transparency International qui se définit comme une ONG luttant contre la corruption des gouvernements et institutions gouvernementales mondiaux, l'Iran occupe la 144ème place sur 177 pays analysés. Le Danemark, le pays le moins corrompu est donc classé 1 sur 177. Les analyses de TI pourraient être considérées approximatives, mais alors comment pourrait-on avoir une idée sur l'ampleur de la corruption d'un État comme celui qui s'appelle la "République islamique d'Iran"? Et bien tout simplement lorsqu'une faction se lève contre une autre pour accaparer un plus grand morceau du gâteau!
La faction des "modérés" a gagné les élections présidentielles contre la faction des "durs", si l'on  peut se permettre de supposer qu'entre les loups, peut-il y avoir des modérés et durs! Quelques dossiers de corruption sont donc mis au grand jour. Mais attention, il ne s'agit pas de dossiers qui pourraient compromettre tout le régime, auquel cas les modérés et durs forment une même horde.
L'Organisation de la Sécurité Sociale avait à sa tête un dénommé Saïd Mortazavi sous la présidence de la république de Mahmoud Ahmadinéjad. Bien que Saïd Mortazavi ait rendu beaucoup de services au régime des mollahs, il tombe maintenant en disgrâce. Il fut pendant un moment procureur à Téhéran. C'est bien à cette époque qu'une journaliste photographe irano-canadienne, Zahra Kazemi est décédée sous la torture. Le 23/06/2006, Stephen Harper, le premier ministre canadien a même demandé que Mortazavi soit arrêté et jugé en tant que le principal responsable de la mort de Zahra Kazemi. Bien évidemment cette demande n'a jamais été suivie d'effet et le dossier fut clos sans suite en prétendant "une mort accidentelle".
La faction adverse a donc dévoilé que Saïd Mortazavi a vendu 138 entreprises propriétaires de la Sécurité Sociale iranienne à un tiers de leur valeur soit un peu plus de 4 milliards de euros. C'est un capitaliste du secteur privé qui s'appelle Babak Zandjani qui les a toutes achetées. Ce qui est donc extrêmement étrange. Pourquoi un tiers de leur valeur? Et pourquoi au même patron qui se qualifie de "djihadiste économique"?
Mais ce n'est pas tout. Saïd Mortazavi aurait distribué 1 million 500 milles euros à 50 directeurs de la Sécurité Sociale dont 100 milles euros à un seul. Mortazavi aurait organisé une véritable orgie en arrosant aussi l'ex-vice-président de la république, le personnel du bureau du président de la république, l'ex-ministre du travail, des directeurs de quotidiens ou encore le personnel des prières du vendredi etc.
Lorsque des députés de l'Assemblée islamique ont demandé des explications pour tous ces détournements de fonds, Mortazavi est intervenu et a présenté trois documents qui montraient qu'à trois reprises, 143 puis 75 ensuite 67 députés ont aussi touché des "cadeaux". A ce moment-là, les parlementaires ont voulu attaquer l'ex-procureur et patron de la Sécurité Sociale pour "diffamation". Mais comme disent les Iraniens, la soupe est trop salée pour que personne ne s'en aperçoive. Alors l'un des parlementaires a avoué dans les termes qui suit: "Les sommes que les députés ont touchées n'étaient pas considérables. Cela est de coutume qu'ils reçoivent de l'argent". Autrement dit si les sommes ne sont pas considérables, les députés peuvent accepter les dessous-de-table.
La suite du programme? Eh bien, rien du tout! Auparavant, le même genre de dénonciation d'une partie infime de la corruption au sein du régime s'est produit, mais à chaque fois cela fut soldé par le changement de têtes d'une faction à l'autre. Le vice-président de l'Assemblée islamique a déjà demandé que l'on ne parle plus de ces dossiers au parlement. D'ailleurs un parlement est fait pour cela, parler et légiférer pour tout sauf le principal. N'est-ce-pas?

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