mercredi 4 septembre 2013

Lettre d'un prisonnier politique au rapporteur des Nations Unies

Ahmad Shahid est un homme politique maldivien. Il était ministre des affaires étrangères de ce pays de 2005 à 2007. Il est rapporteur des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Iran depuis août 2011.
Ali Moradi est un Kurde iranien. Il a été arrêté en févier 2004 par la police politique du régime islamique iranien dans son village qui s'appelle Kanidiar. La justice islamique l'a condamné à trente ans de prison pour cause d'appartenance à un parti politique kurde d'opposition. L'accusation était infondée, mais ce n'est pas la première fois que la République islamique condamne quelqu'un à une telle peine sans preuves solides.
Ali a pu écrire à Shahid le 23/08/2013. Sa lettre n'a pas besoin de commentaires pour démontrer les méthodes des mollahs en ce qui concerne les conditions de détention des prisonniers politiques.
Voici la traduction de la lettre en version intégrale:
Monsieur Ahmad Shahid,
Je m'appelle Ali Moradi, 43 ans. Les agents du ministère du renseignement [police politique des mollahs - NDT] m'ont arrêté en 2004. Ils m'ont accusé d'appartenance au parti Komala du Kurdistan.
J'ai été ensuite gravement torturé aussi bien physiquement que psychiquement à la prison du ministère du renseignement pour avouer. Mais je n'ai pas accepté les reproches que les agents voulaient m'imposer. Les tortures ont duré cinq mois pendant lesquels le droit de visite m'a été refusé. L'on m'a emprisonné à la maison d'arrêt de Marivan. Mon procès a eu lieu sans que j'aie droit à un avocat. Le tribunal de la révolution islamique m'a condamné à trente de prison et à la relégation à la prison de Minab, au sud de l'Iran.
J'ai fait appel de ma condamnation. Mais la Cour suprême a confirmé la peine. L'on m'a alors mis en prison à Minab.
Les geôliers ne m'ont pratiquement jamais laissé tranquille. Ils m'ont insulté et torturé encore et encore. La sécurité de la prison a essayé de me faire assassiner par d'autres prisonniers armés de couteaux ou de bris de verre. J'ai ainsi passé plusieurs séjours dans les centres de santé pour prisonniers à cause de blessures au couteau et verre.
La chaleur de Minab et l'éloignement de ma famille m'ont causé de graves problèmes de santé, de sorte que j'ai fait de petites attaques cardiaques en 2007 . Les responsables pénitentiaires ont toujours refusé de changer les conditions de détention. C'est pourquoi j'ai fait une grève de la faim de quarante jours. Cette grève n'a guère changé l'attitude des geôliers.
Mes multiples demandes ont enfin permis en 2008 mon transfert à l'hôpital de Chiraz pour une opération chirurgicale de cœur. Mais étant donné que l'on m'a renvoyé à la prison avant la fin de la convalescence, une seconde opération a dû se faire.
Je vous écris alors que je suis à la prison de Bandar - Abbas qui n'a pas de différence avec celle de Minab. Les politiciens iraniens ont bien signé les conventions de Genève concernant les droits des citoyens, mais la situation des prisons prouve qu'ils ne respectent rien.
Monsieur Shahid,
Je me permets de vous rappeler que j'ai un fille de seize ans qui vit avec sa mère en Suède. Cela fait des années que je ne les ai pas rencontrées.
Je suis toujours dans de mauvaises conditions physiques. Les responsables judiciaires de la République islamique d'Iran ne donnent pas de suite à mes demandes. C'est pourquoi je me tourne vers vous et vous prie de bien vouloir essayer de me faire libérer ainsi que toutes et tous les prisonniers politiques et civils d'Iran.
Je vous remercie pour vos efforts infatigables pour le respect des droits de l'homme en Iran.
Prison centrale de Bandar - Abbas
Ali Moradi
Le 23/08/2013 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire