mardi 17 septembre 2013

Le régime des mollahs en voie de réconciliation avec les États-Unis

Rouhollah Khomeiny s'est accaparé du "leadership" de la révolution de 1979 par défaut d'alternative politique bien claire. Lorsque des millions de gens sont descendus dans les rues en 1978 - 1979, des revendications de liberté et d'égalité ont obligé les mollahs et leur chef, Khomeiny, de les récupérer afin de les réprimer, une fois arrivés au pouvoir. Ainsi les mollahs ne se sont pas opposés à la présence des femmes sans voile islamique dans les cortèges. Khomeiny promettait qu'en république islamique même les communistes seraient libres.
La dépendance extrême du régime du chah aux États-Unis en particulier et à l'Occident en général a fait que des slogans anti-américains et anti-impérialistes étaient nombreux pendant toute la durée du mouvement. Les mollahs ont aussi récupéré ces slogans pour les détourner en leur faveur lorsqu'ils ont pris le pouvoir. Si le parti Toudeh (le parti communiste iranien jadis inféodé aux Soviétiques) a soutenu le régime jusqu'à ce que son tour arrive pour être réprimé après les autres groupes marxistes, maoïstes ou trotskystes, si des régimes castriste et chaviste soutiennent encore le régime des mollahs, c'est parce qu'ils le considèrent comme anti-impérialiste. Mais le régime des mollahs n'a jamais été anti-impérialiste même dans le concept léniniste du terme. Les mollahs se sont opposés aux États-Unis d'abord par démagogie ensuite par réaction idéologique. Les mollahs n'ont jamais bouleversé l'ordre économique de sorte qu'aujourd'hui un capitalisme ultralibéral fait la pluie et le beau temps en Iran. Ils ont non seulement repris les libertés obtenues par le mouvement populaire de 1978 - 79, mais en plus ont anéanti les libertés individuelles existantes à l'époque de l'ancien régime: liberté vestimentaire pour les femmes, liberté religieuse pour les bahaïs etc. Les différends des mollahs et de l'Occident ont commencé le jour où Khomeiny a décidé d"exporter la révolution islamique". C'est pourquoi le régime des mollahs a fondé ou aidé des groupes islamistes dans toute la région comme par exemple le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien.
C'est un secret de Polichinelle de dire que les Occidentaux, surtout américain, français, anglais et allemand ont ouvert la voie pour que les mollahs prennent le pouvoir en Iran par peur que la révolution de  1979 se radicalise davantage. Mais les événements de ces dernières années dans la région ont aussi joué en faveur des mollahs. Aucun régime comme celui des mollahs iraniens n'a ressorti aussi renforcé de l'invasion occidentale de l'Afghanistan et surtout de l'Irak. Le pouvoir irakien est une véritable marionnette des mollahs. Karzai en Afghanistan n'est pas moins proche des mollahs, surtout à cause d'à peu près deux millions d'Afghans qui vivent en Iran, ayant fui d'abord l'invasion soviétique ensuite le régime des taliban au cours des ces dernières décennies.
Mais les choses changent et les mollahs aussi et tout s'explique !
Les Occidentaux prétendent pendant plus d'une dizaine d'années que le programme nucléaire iranien les inquiètent et les mollahs disent que celui-ci n'est que civil. Eh bien ! les deux parties mentent. Le programme nucléaire iranien n'est pas vraiment une source d'inquiétude pour les Occidentaux et en particulier pour les Américains. Car ils savent que même si les mollahs arrivent à faire des bombes, elles ne seraient pas aussi sophistiquées que les leurs. Jacques Chirac a donné une interview il y a quelques années, juste avant de quitter l’Élysée. Bien que son service de communication ait démenti cette partie de l'interview, mais il aurait dit que ce n'est pas trop grave si les mollahs possèdent trois ou quatre bombes, sachant que Téhéran serait rayé de la carte avant que leur bombe arrive sur Tel-Aviv. Mais alors pourquoi les Occidentaux font tant de pressions sur le programme nucléaire iranien ? Juste pour empêcher l'ambition des mollahs de devenir une puissance régionale et faire une sorte d'émirat ou de califat islamique. Les mollahs mentent aussi dans cette histoire, car si leur programme étaient seulement civil, ils n’enfouiraient pas tant d'installations dans des profondeurs et des lieux tenus secret. Ils veulent bien avoir quelques bombes comme leur voisin pakistanais ou leur ennemi israélien.
En tout cas, les sanctions économiques des Occidentaux contre l'Iran, prétextant toujours le programme nucléaire, n'a pas eu que des conséquences néfastes sur la vie quotidienne des gens, elles ont eu aussi de véritables effets sur l'économie iranienne. L'on parle d'un taux de croissance négatif de -5,4% sur une année. Ces jours-ci même l'Assemblée islamique (le parlement) a dû se pencher sur le cas d'un homme d'affaire nommé Babak Zandjani qui n'a pas rendu pas moins de deux milliards de dollars à l’État. Il prétend que cet argent a été bloqué dans les banques occidentales à cause des sanctions économiques, l'argent de vente de pétrole par des circuits détournés qu'il aurait mis en place. Les usines se ferment de plus en plus et le chômage qui s'en suit devient explosif. L'inflation et les prix galopants sont aussi en train de devenir des barils de poudre sociaux. Mis à part de très graves problèmes économiques à l'intérieur du pays, les mollahs se voient aussi en danger sur la scène internationale, s'ils devaient perdre l'un de leurs alliés stratégiques qui est le régime sanguinaire de Bachar Assad.
Tout ce cocktail fait que le régime des mollahs est devenu tout d'un coup très adouci. Concernant la Syrie, le président Rouhani a affirmé que l'Iran est d'accord avec la proposition russe pour le contrôle de l'arsenal chimique d'Assad. Avant de partir à New-York pour la réunion des Nations-Unies, Rouhani et Obama se sont écrit des lettres aussi bien sur la Syrie que sur le programme nucléaire. Obama a confirmé ses contacts par écrit avec Rouhani au cours d'une émission sur la chaîne américaine ABC, dimanche 15/09/2013. D'un autre côté Salehi, directeur de l'agence de l'énergie atomique iranienne s'est déplacé le 16/09/2013 à Vienne en Autriche pour participer à la réunion annuelle de l'agence internationale de l'énergie atomique. Il a dit que l'Iran est prêt de collaborer avec l'AIEA de telle sorte que le dossier iranien soit classé pour toujours.
Qu'en est-il du guide suprême sachant que des présidents de la république ou des directeurs de telle ou telle agence sont tous sous ses ordres? La réponse a été donnée par un autre diplomate et ex-négociateur iranien qui s'appelle Moussavian à cette adresse: http://www.project-syndicate.org/commentary/why-obama-should-accept-a-dimplomatic-deal-on-syria-by-seyed-hossein-mousavian .
Le point onze de ce qu'écrit Moussavian est claire: Le guide suprême a autorisé le président de la République islamique à négocier directement avec les Américains.
Khomeiny avait dit, avant de mourir, que s'il est nécessaire de fermer les yeux sur les fondamentaux de l'islam pour sauver le régime, alors il ne faut pas hésiter un instant. Khaménéi, son successeur, ne fait qu’exécuter ce que son maître a dit.
Le régime des mollahs peut enfin se réconcilier avec les Occidentaux et surtout les Américains. Cela ne veut pas dire pour autant que les problèmes sociaux, économiques et politiques du pays seront résolus. Ceux-là sont tellement énormes que l'issue n'est envisageable que dans les rues. Le préalable pour toutes les calamités que le régime des mollahs a imposées à la société iranienne, est justement le renversement de ce régime, une réconciliation peut retarder ce préalable mais pas plus.    
       

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