mardi 20 août 2013

Les lieux de travail sont transformés en cimetières pour les ouvriers en Iran

Le nombre d'ouvrières et d'ouvriers accidenté(e)s sur les lieux de travail en Iran est parmi les plus importants dans le monde. L'Etat et le patronat - autrement dit bonnet blanc et blanc bonnet - prétendent très souvent que ce sont les ouvrières et ouvriers mêmes qui sont responsables d'accidents par leur imprudence ou inattention. Mais la réalité est tout autre. Avant d'essayer d'apporter une réponse aux causes principales de nombreux accidents de travail, jetons un coup d’œil sur quelques informations récentes.
L'agence de presse du travail d'Iran (ILNA), bien que financé par l'Etat, relate de temps en temps quelques infos:
Le 19/08/2013: Un ouvrier de 40 ans tué par électrocution (20 000 volts) à Machhad.
Le 18/08/2013: Un ouvrier de 27 ans tombé de 14 mètres à Yaftabad mais sauvé par miracle à 9 mètres de sol. Gravement blessé au pied, à la taille et au cou, donc probablement handicapé.
Le 15/08/2013: Un soudeur de 21 ans tombé de 10 mètres sur un chantier à Machhad mais forte heureusement se bloquant entre des pièces métalliques. Blessures.
Le 1er/08/2013: Un puisatier de 40 ans travaillant à 20 mètres de profondeur à Karadj décédé suite à l'écroulement des parois non sécurisées.
Le 24/07/2013: Un puisatier mort noyé à 5 mètres de profondeur à cause d'une rupture de tuyauteries des eaux usées à Ghiamdacht.
Le 22/07/2013: Trois ouvriers de bâtiment ensevelis  sous des décombres d'un chantier de démolition sur l'avenue Kargar (qui veut dire ouvrier en persan!). Ils sont sauvés par les pompiers mais ont de graves blessures.
Le 20/07/2013: Un électricien de 35 ans mort à Gatchsaran par l'électrocution. L'ILNA se contente d'écrire:"Apparemment les normes de sécurité n'ont pas été respectées"!
Le 04/07/2013: Un ouvrier de 21 ans mort sur l'avenue Dibadji à Téhéran suite à l’effondrement de murs d'un chantier.
etc. etc.
La médecine légiste d'Iran a annoncé à la mi-juillet 2013 que pendant deux mois 265 ouvriers dont 2 ouvrières ont perdu la vie suite aux accidents du travail. Pour la même période de l'année passée ce nombre s'élevait à 272.  Le rapport de la médecine légiste confirme que pendant l'année passée iranienne (commençant le 21/03/2012 au 20/03/2013) 1795 personnes sont mortes à cause d'un accident du travail. Chiffre en augmentation de 19% par rapport à l'année précédente. Mais ces statistiques sont officielles et donc non fiables.
Voyons ce qu'a récemment dit à la BBC un ouvrier membre de l'Union libre des ouvriers d'Iran, une organisation syndicale indépendante non reconnue par le régime des mollahs.
Mohammad - Hossein Nazari, ouvrier de pétrochimie à Mahchahr dit, au programme persan de la BBC: "Les conditions de travail sont telles qu'un ouvrier perd un doigt, mais ne le déclare pas, de peur de perdre sont boulot." Il ajoute que dans des entreprises comme par exemple la pétrochimie de Mahchahr la pollution des lieux de travail entraînent des maladies respiratoires de telle sorte que les ouvriers meurent à petit feu. Mohammad - Hossein dit que l'année dernière 5 ouvriers par jour ont perdu la vie, suite à un accident du travail. Il confirme que l'Etat et le patronat ne veulent rien faire pour sécuriser les lieux de travail. De plus, ils ne reconnaissent pas les organisations syndicales comme la sienne. Donc, elles ne peuvent que conseiller les collègues sans pouvoir participer à des négociations afin d'améliorer les conditions de travail.
La République islamique a installé un cadre économique ultra-libéral en Iran. Que le président de la République soit un "pragmatiste" comme Rafsandjani, un "réformateur" comme Khatami, un "dur" comme Ahmadinéjad ou un "modéré" comme Rouhani, ce cadre est resté et restera immuable.
Le patronat fait pratiquement ce qu'il veut, car de toute manière il a le soutien total de l'Etat. Il refuse d'investir dans les moyens de sécurité des lieux de travail. Il surexploite les travailleurs par des CDD interminables. Il ne paye même pas les salaires à temps, lesquels sont largement insuffisants.
Ne reconnaissant pas les organisations syndicales indépendantes des travailleurs, le régime de la République islamique a transformé le pays en paradis pour les capitalistes.
Les femmes et hommes qui travaillent dans les usines et ateliers ou bien sur les champs et fermes en Iran n'ont pas grand-chose comme droits, absolument pas un epsilon de ce que l'on peut constater dans d'autres pays capitalistes libéraux comme la France ou l'Angleterre, qui ont été arrachés quand bien même par de longues luttes des travailleuses et travailleurs, ni même au niveau des autres comme la Chine ou Cuba, où l'on exploite les travailleuses et travailleurs aux profits des capitalistes publics et privés le drapeau rouge orné de faucille et de marteau à la main de l'Etat.
Si les lieux de travail sont de fait des cimetières pour les ouvriers en Iran, c'est parce que l'Etat capitaliste islamique est l'Etat de tous les droits pour les capitalistes et l'Etat d'aucun droit pour celles et ceux qui produisent les richesses.
Il est temps, plus que jamais, que les ouvrières et ouvriers en Iran, comme partout ailleurs, prennent en main leur destin sans Etat, ni capitalistes au-dessus de leur tête.  
    

    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire