mercredi 29 avril 2015

Résolution de groupes et organisations indépendants ouvriers d’Iran à l’occasion du 1er Mai 2015



Que vive l’union et la solidarité internationale ouvrière, que se développe l’union des ouvriers, des enseignants et des infirmiers et des groupes indépendants ouvriers, qu’avance les protestations unitaires et nationales contre les conditions de vie misérables. Ceci est l’appel des groupes ouvriers indépendants à tous les travailleurs d’Iran.
Nous allons célébrer ensemble le 1er Mai alors qu’un mouvement de fond se développe parmi les ouvriers, enseignants et infirmiers, ainsi que les autres travailleurs d’Iran, contre la pauvreté et le manque de moyens de subsistance.
Des dizaines de grèves partout dans le pays, des rassemblements incessants d’enseignants, des protestations unitaires d’infirmiers, de multiples protestations d’ouvriers et de leurs familles, des pétitions, des rassemblements devant le parlement et le ministère du travail, des protestations dans les secteurs clés comme la pétrochimie, les mines et les usines de fabrication d’automobiles ont lieu tous les jours. Tout cela montre les prémices d’un mouvement social profond qui mènera aux protestations puissantes contre l’état de non – droit absolu et la misère imposés aux millions de familles ouvrières.
Ce mouvement se développe chaque jour alors que les capitalistes au pouvoir en Iran ne peuvent ni ne veulent que la situation actuelle change car ils sont bien occupés de piller le fruit de travail des ouvriers et travailleurs. Ils se battent entre eux seulement pour avoir chacun une part plus grande du pillage. C’est pourquoi ils se réjouissent d’avoir pu nous imposer le salaire minimum de 712 000 tomans (environ 198 € par mois – NDT). De plus, ils ne payent pas à temps nos salaires de misère, suppriment les allocations, augmentent les prix, libéralisent le prix du pain et rehaussent le taux de la TVA de 9%. Ils n’hésitent pas à réprimer les protestations ouvrières en intentant des procès collectifs contre les ouvriers et en les condamnant aux coups de fouet et à de longues peines de prison.
Il n’y a aucun doute, imposer la misère aux millions de familles ouvrières et réprimer les protestations ne nous dissuadent pas de continuer la lutte. La colère des ouvriers et de tous les travailleurs d’Iran grandit et les incite à un grand mouvement contre les responsables de tant d’injustices, de répression et de misère. C’est pourquoi, nous, les signataires du présent appel, formulons nos revendications comme suit :
1) Nous condamnons la fixation du salaire minimum à 712 000 tomans qui était le résultat de la mascarade du gouvernement, du patronat et des délégués ouvriers à leurs bottes. Les médias officiels et gouvernementaux y ont joué aussi un rôle néfaste. Nous exigeons donc la révision de la loi sur le salaire minimum et son augmentation à 3000 000 de tomans (environ 834 € par mois – NDT) selon le panier des standards actuels.
2) Nous soutenons sans réserve les protestations d’enseignants et d’infirmiers. Nous pensons toutefois que la seule solution est l’union de tous les travailleurs d’Iran dans un mouvement social partout. Nous exigeons la satisfaction immédiate de toutes les revendications des enseignants et infirmiers.
3) Nous dénonçons les manœuvres du gouvernement et de la Maison de l’ouvrier (organisation gouvernementale – NDT) qui imposent par en haut des organisations stipendiés à la classe ouvrière d’Iran sous forme d’associations et d’organisations syndicales. Nous appelons les ouvriers à former, sur leur lieu de travail, leurs propres syndicats et conseils indépendants. Nous exigeons que l’Etat et le patronat mettent fin à l’interdiction des groupes ouvriers indépendants.
4) Nous condamnons la répression des protestations ouvrières et populaires, les nombreuses exécutions de prisonniers, les peines de flagellation et de longues prisons contre les militants ouvriers. Nous exigeons l’arrêt immédiat des exécutions, l’abolition de la peine de mort et de la flagellation. Nous exigeons également la libération immédiate et sans conditions de tous les militants ouvriers et prisonniers politiques et l’arrêt des poursuites judiciaires contre eux.
5) Nous exigeons la liberté, sans conditions, de grève, de manifestation, de pensée et d’expression, de partis et de la presse. Il faut que ces libertés soient reconnues comme un droit social inaliénable des ouvriers et des masses populaires d’Iran.
6) Nous demandons que les arriérés de salaires des ouvriers soient payés immédiatement et sans aucune excuse. Les patrons qui ne payent pas les salaires à temps doivent être poursuivis en justice et acceptent de régler des dommages et intérêts aux ouvriers.
7) Nous exigeons la sécurité de l’emploi, la fin des contrats de travail à durée déterminée et ceux avec une signature blanche (le patronat oblige les ouvriers de signer des contrats de travail sans clauses afin de pouvoir y rajouter ce qu’il l’arrange – NDT). Tous les ouvriers de petits ateliers et des zones franches doivent pouvoir bénéficier du code du travail. Les ouvriers du bâtiment doivent être couverts par la Sécurité sociale.
8) Nous condamnons toutes les lois anti-ouvrières. Nous exigeons la modification des articles du code du travail qui sont contre les ouvriers en présence de leurs vrais représentants.
9) Nous affirmons que la multiplication des accidents du travail menant à la blessure et à la mort des ouvriers a pour cause principale la recherche du profit par le patronat qui privent ainsi les ouvriers des moyens de sécurité. Nous exigeons les plus hauts standards de la sécurisation des lieux de travail.
10) Nous exigeons l’arrêt des licenciements pour quelque prétexte qu’ils soient. Tous les chômeurs ou ceux qui ont atteint l’âge de travailler sans pouvoir trouver un emploi doivent avoir des indemnités conformes aux standards de la vie actuelle.
11) Nous exigeons l’abolition de toutes les lois misogynes. L’égalité complète des droits des femmes et des hommes dans tous les domaines de la vie sociale, économique, politique, culturelle et familiale doit se réaliser sans aucune condition.
12) Nous demandons des conditions de vie décentes pour tous les retraités et la fin des exclusions et des inégalités des pensions. La santé gratuite est un droit de base pour tous. Le gouvernement doit retirer son projet de fusionner la Caisse de la sécurité sociale et l’Assurance de santé publique. Les voleurs de la Caisse doivent être poursuivis. Ce sont les représentants élus, dans les assemblées générales des ouvriers actifs et retraités, qui doivent gérer cette Caisse sans influence de l’Etat et du patronat.
13) Nous exigeons l’interdiction du travail des enfants. Ils doivent avoir une sécurité sociale totale, des moyens d’éducation, de santé et de bien-être sans distinction sexuelle, économique, sociale et sans que l’on regarde leur nationalité, ethnie ou religion (l’Etat islamique iranien à un bilan néfaste surtout pour des centaines de milliers d’enfants afghans vivant en Iran – NDT).
14) Nous exigeons la fin de toutes les exclusions que subissent les ouvriers immigrés afghans et les autres ethnies en Iran. L’expulsion des ouvriers afghans doit cesser immédiatement et tous les droits de citoyenneté doivent leur être reconnus.
15) Nous insistons sur la nature exploiteuse du capitalisme partout dans le monde. Nous remercions tous les soutiens reçus par les groupes et syndicats ouvriers et soutenons réciproquement les luttes ouvrières dans le monde entier et exprimons notre solidarité à leur égard.
16) Nous exprimons notre désapprobation contre les guerres et crimes au Moyen – Orient. Nous pensons que l’impasse des relations capitalistes a mené au développement des groupes terroristes qui sèment l’horreur dans les pays de la région. Les politiques inhumaines des Etats occidentaux sont responsables du désastre actuel. Nous invitons les ouvriers et les peuples épris de libertés du monde entier à protester contre la guerre et les destructions au Moye – Orient afin d’y mettre fin.
17) Nous demandons que le 1er Mai soit déclaré jour férié et toute interdiction de le célébrer soit levée.

Signataires :
Union libre des ouvriers d’Iran
Association syndicale des ouvriers électriciens et métallurgistes de Kermânchâh
Syndicat des ouvriers de Canne à sucre de Haft – Tapeh
Syndicat des ouvriers peintres en bâtiment de l’Alborz
Centre de défense des droits ouvriers
Comité de coordination pour aider à la constitution des organisations ouvrières
Comité de suivi pour la constitution des organisations ouvrières

dimanche 26 octobre 2014

Moment choisi pour la pendaison de Reyhaneh

La justice islamique iranienne vient de commettre un nouveau crime en pendant une jeune femme de 26 ans, Reyhaneh Jabbari. Reyhaneh a passé sept ans derrière les barreaux avant d'être pendue au petit matin du 25/10/2014.
Décoratrice, elle a été accusée du meurtre d'un médecin qui lui avait demandé l'agencement de son cabinet. Ce médecin de 47 ans n'était pas n'importe lequel, car il avait travaillé durant un certain temps pour le ministère du renseignement (la police politique iranienne). Reyhaneh avait dit à plusieurs reprises que le médecin - flic a voulu la violer et par légitime défense, elle lui a donné un coup de couteau à l'épaule avant de prendre la fuite. Le tribunal islamique n'a jamais admis que Reyhaneh ait voulu se défendre et l'a condamnée à la peine capitale par pendaison.
Les charges contre Reyhaneh ont été assez faibles pour prouver qu'elle ait tué le médecin - flic. Une organisation politique iranienne croit savoir que le médecin - flic n'a pas été assassiné par Reyhaneh mais par un autre flic qui travaille pour le ministère du renseignement. En fait, l'on a décidé de faire porter par Reyhaneh le chapeau d'un règlement de compte entre les bandes de la police politique. Par ailleurs l'on sait que le médecin - flic est allé acheter des préservatives le lendemain de son premier contact avec Reyhaneh. Ahmed Shaheed, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Iran, qualifiant la peine de mort contre Reyhaneh d'injuste et d'infondée, avait déclaré pour sa part que le docteur Morteza Sarbandi avait prémédité le viol de Reyhaneh car un verre de jus de fruit contenant des produits fortement somnifères a été retrouvé sur le lieu de crime. Les mollahs et leur appareil judiciaire n'ont pas donné suite aux multiples appels de Shaheed pour que Reyhaneh ne soit pas pendue. Shaheed n'a pas été le seul à intervenir en faveur de Reyhaneh. Une pétition de plus de 100 000 signatures en 2300 pages a été envoyée à Shaheed mais aussi à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU et à Catherine Ashton, haut représentant des affaires étrangères de l'Union européenne. Martin Shulz, le président du Parlement européen avait écrit à Ali Laridjani, président de l'Assemblée islamique (parlement iranien) lui demandant de ne pas exécuter Reyhaneh. Shirin Ebadi, l'avocate iranienne qui a gagné le Prix Nobel de la paix en 2003 ainsi qu'Asghar Farhadi, Oscar du meilleur film étranger en 2012, mais aussi Mohamad - Reza Shadjarian, un chanteur très populaire en Iran et plusieurs autres artistes ont demandé que Reyhaneh ait la vie sauve. Aucun, absolument aucun de tous ces appels n'ont été entendu.
Les bourreaux islamistes au pouvoir en Iran ont voulu plusieurs fois pendre Reyhaneh. Sa mère déclare que le 30/09/2014 les responsables pénitentiaires l'ont appelé pour qu'elle aille récupérer le cadavre de sa fille, mais une fois sur place, l'on lui a dit qu'elle n'a pas été encore pendue. Alors pourquoi cette fois - ci, Reyhaneh a été pendue? Au vu de ce qui s'est passé ces derniers jours dans plusieurs villes iraniennes où les femmes ont pris l'initiative de multiples protestations contre les attaques à l'acide en Ispahan contre les femmes que le régime considère "mal voilées" (voir le précédent article du blog), il est plus qu'évident que le moment de la pendaison de Reyhaneh a été parfaitement choisi. Reyhaneh devait être pendue maintenant pour que les femmes mais aussi fort heureusement des hommes qui prennent des risques énormes en descendant dans les rues contre les attaques à l'acide se rappellent que le régime tue dès que qu'il voit nécessaire que sa survie commence à être en danger et cela sans tenir compte de qui que ce soit, de Shaheed à Shulz en passant par des lauréats du Nobel ou de l'Oscar etc. Reyhaneh devait mourir le 25 octobre et non pas le 30 septembre et non pas avant. Ainsi elle a rejoint la triste liste de plus de 800 personnes pendues en Iran par an. Selon un rapport de Shaheed, 825 prisonnières et prisonniers ont été exécutés en Iran entre juillet 2013 et juillet 2014.
L'assassinat de Reyhaneh a prouvé encore une fois que les islamistes au pouvoir en Iran ne peuvent jamais changer. Reyhaneh n'est plus là, mais sa mémoire sera là quand les femmes en Iran s’émanciperont du joug néfaste du pouvoir politique islamique et par là même aideront à ce que les hommes soient aussi libres en Iran, sans les femmes il n'y aura pas de liberté en Iran comme il n'y en aura nulle part ailleurs dans le monde.

jeudi 23 octobre 2014

Manifestations à Téhéran et à Ispahan contre l'attaque à l'acide contre les femmes

Des motards ont attaqué à l'acide au moins 14 femmes dans la ville d'Ispahan ces trois dernières semaines. L'une d'elles qui conduisait une voiture est décédée le 21/10/2014 après une attaque à l'acide suite à laquelle elle a perdu le contrôle de celle-ci. Une autre femme a perdu un œil et toutes les autres ont de graves brûlures surtout au visage. Le point commun des femmes attaquées à l'acide est le fait qu'elles ne portent pas le voile comme les autorités du régime de la République islamique le souhaitent, c'est-à-dire couvrir complètement la tête sans laisser dépasser la moindre mèche de cheveux.
Les habitantes d'Ispahan se sont d'abord résignées à rester plus souvent chez elles, ne se sentant pas en sécurité dans la rue. Mais des voix ont commencé à se faire entendre. Car malgré toutes les restrictions que le régime islamique imposent aux femmes en Iran depuis 1979, elles occupent de plus en plus de place dans la vie de tous les jours et ne peuvent et ne doivent surtout pas tomber dans le piège de rester à la maison ou laisser tomber ce qu'elles ont gagné par leurs propres luttes.
Les protestations de femmes mais aussi d'hommes contre les attaques à l'acide sont entrées dans une nouvelle étape le 22/10/2014. Car plusieurs centaines de femmes et d'hommes ont manifesté à Ispahan et à Téhéran pour condamner les attaque à l'acide contre les femmes. Une militante des droits de l'homme a confirmé que la manifestation de Téhéran près de l'Assemblée islamique (le parlement iranien) a été dispersé par l'intervention des forces de l'ordre. Elles ont arrêté plusieurs manifestants. A Ispahan, les gens se sont rassemblés devant le palais de justice et là-bas aussi les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser les manifestants. Les slogans des manifestants sont assez révélateurs de leur état d'esprit:" à Ispahan, nous ne voulons pas Daesh" ou encore "nous ne voulons pas de hijab obligatoire." Les manifestants ont bien raison de comparer le régime et ses responsables aux islamistes de l’État islamique (ex - Daesh) qui sévissent actuellement en Syrie et en Irak. Ils n'ont pas oublié que l'imam de la prière du vendredi d'Ispahan avait dit que pour faire respecter le hijab islamique les avertissements verbaux ne suffisent plus. Les déclarations de ce mollah et le silence d'autres responsables du régime surtout à Téhéran après plusieurs attaques à l'acide contre les femmes font penser aussi que celles-ci sont organisées par des services spéciaux du régime pour faire peur aux femmes. Bien que ces derniers jours, des responsables du régime, se voyant face aux protestations grandissantes, aient essayé même de récupérer les protestations en déclarant que les attaques à l'acide sont l’œuvre des "ennemis" ou des "agents de pays étrangers !
Toujours est-il que les protestations contre les attaques à l'acide ne semblent pas s'estomper car un appel est lancé pour que le samedi 25/10/2014 toute la ville d'Ispahan soit à l'arrêt, pour que les magasins, les écoles etc. restent fermées. Cet appel est suivi d'un autre pour un rassemblement près d'un pont de la ville.
A Ispahan comme à Kobané, les femmes se battent contre les islamistes et pour leurs droits.     
 

vendredi 19 septembre 2014

Coups de fouet pour les ouvriers, coups de fouet pour les artistes en Iran

Les lois iraniennes sont basées sur les textes coraniques et divers autres textes prétendument venus de saintetés musulmanes en particuliers les imams chiites dont le premier a vécu entre les années 600 et 661. Les punitions sont assez barbares: exécutions par pendaison en public, énucléations oculaires, mutilations de mains ou de pieds, lapidations et flagellations.
Ces derniers jours, les tribunaux islamiques iraniens ont condamné des ouvriers et des artistes à la prison et aux coups de fouet.
Quatre ouvriers du complexe pétrochimique Razi, ayant pris part à un mouvement de protestation, ont été condamnés à six mois de prison et 50 coups de fouet chacun. Cette condamnation fait suite à la plainte du patron du complexe pour "trouble à l'ordre" et "menace". Le tribunal islamique a donc suivi à la lettre la plainte patronale en la considérant "absolument avérée"! Il n'y a rien d'étonnant, la justice de classe capitaliste marche à merveille, que l'on soit dans une démocratie parlementaire à l'Occidentale ou dans une théocratie à l'islamique. Les ouvriers qui font grève et manifestent, troublent bien évidemment "l'ordre", empêchent la production et nuisent aux profits faramineux.
Mais quelles étaient véritablement les raisons de colère des ouvriers du complexe pétrochimique Razi pour que la justice islamique les frappent à tel point? Ce complexe compte 3000 ouvriers dont 1850 sont obligés de travailler en CDD. De ce fait, ils doivent travailler plus pour gagner moins ! Leur salaire ne couvre qu'un tiers de leurs besoins les plus immédiats. De plus, leur mince salaire n'est pas payé à temps et plusieurs mois d'arriéré sont en cours. En février dernier, ils ont décidé de se mettre en grève alors que le président de la République islamique était en voyage dans leur région. Cette idée a obligé le patron, accompagné de responsables venant du gouvernement, à faire des promesses qui n'ont pas été tenues. Les ouvriers se remettent en lutte. Les forces de l'ordre arrêtent huit d'entre eux et la justice condamne quatre ouvriers.
La condamnation des ouvriers du complexe pétrochimique Razi a déjà soulevé une vague d'indignation. Des avocats et d'autres militants ouvriers ont vivement critiqué la condamnation. Un communiqué signé par cinq groupes ouvriers, aussi bien du Nord que du Sud de l'Iran, qualifie la condamnation de leurs collègues "d'insulte insupportable" aux ouvriers. Une fois de plus, le régime et sa justice ont obtenu un effet inverse de ce qu'ils attendaient; au lieu de faire peur, la condamnation des quatre Razi fait multiplier les contestations.
La seconde condamnation à la prison et aux coups de fouet concerne sept jeunes femmes et hommes qui ont fait un clip sur la chanson Happy de Pharell Williams. La police des mœurs islamiques les a arrêtés le 9 mai 2014 quand ils ont mis en ligne un clip filmé sur le toit d'une maison. Dans ce clip, les femmes sont sans voiles, maquillées, elles dansent et chantent avec les hommes. Le tribunal islamique a prétendu qu'il ne condamne pas ces jeunes seulement pour le tournage et la mise en ligne du clip mais aussi pour "des relations sexuelles hors mariage" ! Certes, il ne faut pas demandé de preuves à de tels tribunaux, c'est le juge qui décide ! Mise à  part Sassan Soleimani qui a été présenté comme le réalisateur du clip et qui a été libéré en payant une lourde caution, les six autres ont été condamné à 91 coups de fout avec sursis et six et douze mois de prison avec sursis. Douze mois de prison avec sursis ont été prononcés contre une femme qui s'appellent Reyhaneh Taravati; la justice islamique accorde une attention particulière aux femmes !
La condamnation des jeunes Happy intervient alors qu'après l'annonce de leur arrestation en mai dernier, de nombreux autres clips Happy ont été mis en ligne et cela continue ! Autrement dit là aussi, les responsables judiciaires de l’État islamique iranien ont raté leur coche: les condamnations barbares ne font plus peur.           

jeudi 29 mai 2014

Ces femmes qui embêtent tant les mollahs !

Les mollahs au pouvoir en Iran depuis plus de 35 ans, n'ont pas seulement des problèmes avec la moindre opposition politique, ils ont beaucoup de mal à imposer leurs règles religieuses à la moitié de la société: les femmes. Cela fait 35 ans qu'ils essayent d'imposer le hidjab, aussi bien sous forme de foulard que de tchador aux filles et femmes, dès leur majorité islamique soit à partir de 9 ans, mais ils ne réussissent pas. Alors que deux générations féminines sont nées sous le règne des mollahs et pendant toute leur scolarité, elles ont subi de l'enseignement islamique pour respecter le hidjab, mais rien n'y fait, elles font à leur tête; l'on a envie de dire: nom de dieu de merde!
Ces deniers jours plusieurs événements ont montré l'échec des mollahs dans ce domaine.
Une actrice iranienne qui s'appelle Leïla Hatami est venue au festival de films à Cannes. Bien qu'elle se soit obligée de couvrir la tête, mais elle a commis le grand péché d'embrasser Gilles Jacob, le directeur du festival. Puis, le régime a appelé quelques pseudo-étudiantes à un rassemblement en Iran, lesquelles ont demandé que Hatami soit arrêtée et flagellée à son retour. L'actrice s'est ensuite excusée de son geste prétextant le grand âge de Jacob.
La chanson "Happy" du chanteur américain Pharrell Williams se propage partout dans le monde. Plusieurs dizaines de millions de personnes visionnent son clip sur Youtube. Plusieurs adaptations se font ici ou là dans le monde, entre autres en Iran par un groupe mixte de jeunes. Alors là, péchés au pluriel ! Des jeunes femmes et hommes qui osent danser, rire et chanter "Happy" souvent sur les toits d'immeubles ou dans les jardins sans passage public. La police des mollahs les arrêtent toutes et tous. D'autant que les jeunes femmes participant au clip en version iranienne n'avaient même pas sur la tête le foulard que l'actrice portait à Cannes. Elles et ils ont été libérés après avoir "avoué" qu'elles et ils ont été manipulés. Toutefois, le metteur en scène du clip est encore derrière les barreaux.
Il y a trois jour, le commandant en chef de la NAJA (la police) a précisé qu'en une année plus de 18000 filles et femmes ont été arrêtées en Iran pour ne pas avoir respecté correctement le hidjab. La répression de masse donc rien que pour le hidjab.
L'on est encore au printemps, dès que l'été arrive, des hordes de flics islamiques vont envahir les voies publiques pour harceler les filles et femmes qui tout en mettant le foulard, car obligatoire, vont essayer de laisser dépasser les plus grandes mèches de cheveux. Elles vont mettre des sandales sans chaussettes, ce qui est considéré aussi comme contraire aux règles islamiques. Elles vont mettre des manteaux moins épais ou de couleur claire, ce qui n'est pas admis non plus.
De plus en plus de femmes se donnent maintenant la liberté de retirer le foulard quand elles sont dans les voitures. C'est une nouvelle forme de résistance qui prend de l'ampleur. Comme d'autres formes qui peuvent paraître banal et sans importance en Occident, par exemple utiliser du rouge à lèvre (bien rouge) ou du vernis à ongle (de toutes  les couleurs).
Trente - cinq ans de règne islamique en Iran et plusieurs milliers d'arrestations par ans de femmes pour le hidjab montrent tout simplement que les mollahs ont perdu cette bataille contre les femmes en Iran. Sauf qu'ils ne sont pas prêts de l'admettre tant qu'ils ont le pouvoir.  

vendredi 9 mai 2014

La lettre d'un prisonnier amputé dans les geôles iraniennes

Le code pénal du régime des mollahs en Iran est basé sur les lois coraniques. Les personnes accusées de vols sont passibles de prison, voire d'amputation. Les groupes d'opposition qui comprennent un large éventail, allant des royalistes aux marxistes, dénoncent souvent les exécutions et emprisonnements de militants politiques. Mais ils protestent peu ou rarement contre la peine de mort infligée aux prisonniers dits de "droit commun". Quant aux peines extrêmement sauvages comme les amputations contre ces prisonniers, l'on les entend encore moins. Certes, le régime des mollahs a exécuté plusieurs milliers de prisonniers politiques depuis sa fondation en 1979, entre autres plus de quatre à cinq milles, rien qu'en été 1988, certes il condamne encore des militants politiques maintenant, mais la peine de mort contre les prisonniers de droit commun se fait presque tous les jours. Ainsi selon le dernier rapport d'associations de défense des droits de l'homme depuis que le mollah Hassan Rohani est devenu président de la République islamique, le 04/08/2013 jusqula fin de l'année iranienne, le 20/03/2014, quelque 470 prisonniers ont été pendus. Elles viennent de donner une liste de 157 prisonniers dans les couloirs de la mort.
Ces derniers jours, un prisonnier a pu envoyer une lettre expliquant son cas, ce qui est extrêmement rare. Rien ne pourra démontrer son affliction que la traduction de ce qu'il écrit. Voici des extraits:
"Je m'appelle Reza Safari fils de Valliallah, né en 1971 à Arak. Je vous écris de la prison de Karadj. J'ai commis des vols entre 1991 et 1995 car j'ai été au chômage et ma famille était dans une pauvreté extrême. L'on m'a condamné à l'amputation des quatre doigts de la main droite [...] (pour celles et ceux qui ont des reins solides, une photo de Reza est disponible à cette adresse: http://khawaran.wordpress.com/2014/05/07/k-2156/)
Le 21/08/1997, à 10 heures 30, l'on a mis en exécution la peine en se servant d'une paire de ciseaux électriques à couper les métaux. Il y avait déjà du sang sur les ciseaux, ce qui prouve leur utilisation antérieure. L'on m'a coupé les doigts sans anesthésie. L'on m'a ensuite transporté à l'hôpital. Le médecin a vivement protesté de ne pas être prévenu d'un tel cas.
Je suis tombé dans une dépression de telle sorte que je prenais 12 cachets par jour. Je me disais que c'était mieux qu'ils me tuent, au moins je serais ainsi mort une fois pour toutes. [...] Je suis resté en prison encore 5 ans. Alors qu'il ne restait que 40 jours de taule, ma mère est décédée. [...] A la sortie de prison, j'avais le sentiment que tout le monde me regardait de travers. J'ai essayé de trouver du boulot pendant 6 mois sans réussir. J'ai commis alors encore d'autres vols. L'on m'a de nouveau arrêté un an après la libération. Le juge islamique m'a condamné à l'amputation des orteils du pied gauche. En 2002, mon père est aussi décédé. Mes deux petites sœurs sont ainsi restées toutes seules. Le 21/09/2009, l'on m'a coupé les orteils avec les mêmes ciseaux. J'ai mis un an pour pouvoir remarcher... Je suis toujours à la prison de Karadj.
Je dépose plainte contre les autorités de la République islamique et son pouvoir judiciaire pour m'avoir mutilé... Je demande aux juristes, aux avocats et aux militants des droits de l'homme de défendre ma cause comme ils peuvent.

jeudi 1 mai 2014

Manifestation du 1er Mai interdite, ouvriers arrêtés en Iran

Comme accoutumé la police du régime des mollahs n'a autorisé aucune manifestation du 1er Mai. Elle trouve chaque année un prétexte futile pour interdire tout rassemblement. La manifestation de cette année a été interdite pour cause du discours du président de la République, le mollah Rohani !
Selon des sources indépendantes, 23 travailleurs du Syndicat des ouvriers des transports en commun de la ville de Téhéran et de sa banlieue et deux militants de l'Union libre des ouvriers (les deux interdits) ont été arrêtés car les premiers ont osé se rassembler dans un dépôt de bus pour distribuer des gâteaux et des fleurs afin de célébrer le 1er Mai. Les ouvriers ont été immédiatement transportés à la prison d'Evin, au nord de Téhéran.
Les témoins ont raconté que les policiers en civil ont mis les ouvriers dans des fourgons avec une violence extrême de telle sort que plusieurs ont été blessés.
Ebrahim Maddadi, qui n'est pas à sa première arrestation, a dit en montant dans un fourgon de police:"un gouvernement qui arrête les ouvriers pour avoir distribué des gâteaux et des fleurs pour le 1er Mai, ne peut pas dire qu'il respecte la démocratie."
Selon la radio Zamaneh, lorsque des ouvriers présents sur place ont manifesté leur solidarité avec leur collègues embarqués les flics ont rebroussé chemin pour les arrêter aussi.
Des ouvriers voulaient se rassembler devant le ministère du travail après que le régime ait refusé l'autorisation de manifestation, mais cela n'a pas été possible, car de nombreuses forces de police y ont été installées tôt le matin.
Deux ouvriers qui s'appellent Djafar Azimzadeh et Djamil Mohammadi et sont membres du secrétariat de l'Union libre des ouvriers ont été arrêtés chez eux dans la nuit du 30 avril au 1er Mai. C'est cette Union qui avait appelé à la manifestation devant le ministère du travail.
La police politique du régime a arrêté des ouvriers alors que le mollah Rohani faisait un discours démagogique sur la liberté et l'indépendance des organisations de travailleurs ! Tout le monde aura compris ce que cela veut dire quand ces mots sortent de la bouche d'un mollah.
Le régime de la République islamique comme toutes les autres dictatures n'a jamais supporté l'action indépendante des travailleurs et cela restera inchangé tant qu'il est au pouvoir. Le 1er Mai 2014 a prouvé une énième fois cette réalité.